Et pourtant elle tourne, comme disait Galillée… oui, mais à vide !
Depuis 32 ans maintenant, la Grande Roue est attendue avec impatience par petits et grands sur la Grand’Place de Lille, au début de l’hiver, symbolisant ainsi l’arrivée des fêtes de fin d’année, avec ses chants de Noël en fond musical, son décor de montagne sous la neige, ses sapins, ses guirlandes et ses lumières scintillantes.
Mais, cette année, la question de l’installation de cette véritable institution s’est posée, due comme vous le savez à l’épidémie du covid-19. Non pas que seul(e) sur votre nacelle, vous puissiez être contaminé(e), mais surtout à cause de la file d’attente d’une foule qui se tasse habituellement pour prendre place et monter, succès de la Grande Roue oblige.
Alors, après moult tergiversations, tout le monde y a mis du sien : Matthieu Lestoquoy et Jan Vanderhoning, les co-propriétaires de la structure métallique, ancienne entreprise familiale belge créée par leur grand-père, qui étaient fin prêts, ont proposé d’en faire quand même le montage, et ce bénévolement, quitte à la faire tourner à vide et à y perdre leur recette ; la Ville, quant à elle, a renoncé à leur faire payer l’emplacement ! Ainsi la place aura quand même une allure joyeuse, une allure de fête !

La Grande Roue de Lille en 2020 !
- elle mesure 50 mètres de haut
- elle dispose de 36 nacelles
- la roue tourne à 12 km/h
- il faut 2 jours, 7 personnes et 1 grue pour la monter, 20 camions
- elle pèse 260 tonnes
- un socle de 20.000 litres d’eau garantit le maintien du manège
- elle apparaît sur Lille pour la première fois en 1988 dans la foire aux manège d’hiver couverte, dans le Grand Palais de la Foire Commerciale, sous le nom de Luna Park
- le tour coûte 5 euros pour les adultes et 3 euros pour les enfants de moins de 1,40 m
En 1989, en installant une Grande Roue au cœur de la ville, Lille devenait alors ville pionnière d’un phénomène qui se déclinera ensuite dans de nombreuses autres villes.
Il y a 20 ans, la famille de forains, après avoir quitté la Foire de Lille fin septembre, attendait les beaux jours pour repartir sur les routes avec la Grande Roue. Jusqu’au jour où d’importants travaux dans le parking sous-terrain de la Grand’Place ont fait fuir les Lillois. Il fallait une attraction pour les faire revenir. « On nous a pris pour des dingues. C’était la première fois en France qu’on installait une Grande Roue au cœur d’une ville pour les fêtes de Noël ». À cette époque, les forains se contentent de 5 m de tapis rouge et deux sapins. Vingt ans après, la clientèle est toujours aussi nombreuse pour s’envoler 5 minutes dans les airs à 50 m de haut dans l’une des 36 nacelles et voir la ville à 360°mais le décor a changé. En 2009, ils comptent être pionniers en matière de développement durable. « Économiquement, on a mis les moyens ». Au lieu de fonctionner sur un groupe électrogène dégageant du CO2, la roue est désormais raccordée au réseau électrique. Autre geste écolo : toutes les lampes ont été remplacées par 10 000 LED à faible consommation d’énergie. « On a aussi commandé une étude à des ingénieurs pour permettre un rééquilibrage et une meilleure inertie de la roue ». Le geste « durable » ne s’arrête pas là : les 140 sapins coupés utilisés pour la décoration viennent d’un pépiniériste labellisé. « À chaque arbre coupé, un autre est replanté. Et le pépiniériste s’engage à transformer nos sapins en compost »
Publicité pour la première foire d’hiver couverte au Grand Palais
La foire s’installe dans le Grand Hall des expositions pour les fêtes de fin d’année3. Elle fut inaugurée en présence de Pierre Mauroy le 10 décembre 1988 et sa fermeture fut prévue un mois plus tard, le 8 janvier 1989. A l’abri du froid et des intempéries, le public de tout âge purent profiter de 40 attractions telles que les autos-tamponneuses, la chasse aux Schtroumpfs, le train fantôme de Fantomas ou encore le Grand Huit dont les rails frôlaient le plafond du bâtiment.
Carte d’invitation pour le Luna Park d’hiver 1988
« C’est peut-être une première en France car il n’est pas courant de voir un Grand Huit dérouler ses toboggans vertigineux sous les toits aux côtés des manèges, train fantômes et auto-skooters » écrit un journaliste de La Voix du Nord dans l’édition du 11 décembre 1988.
Trois grands événements furent programmés alors pour ce mois de festivités :
– La journée du 14 décembre consacrée au Noël des déshérités.
– Un défilé de char programmé dans le centre ville pour le 23 ou le 24 décembre
– La messe de minuit célébrée le 24 décembre sous le chapiteau d’un manège d’auto-skooters.
Un an après ce Luna Park d’hiver, le marché de Noël de Lille fut créé en décembre 1989. Tout d’abord installé dans le secteur piétonnier (rues des Tanneurs, rue du Sec Arembault, parvis de l’église Saint-Maurice, etc.), il déménagea en 1996 sur la place Rihour. La Grande Roue illumine la Grand’ Place depuis 1990 et l’Idéale Chenille fait le bonheur des petits et grands depuis 1992. Ce manège, né à Angers en 1922, est la propriété d’Alain Delannoy, qui n’est autre que le propriétaire des autos-tamponneuses du Luna Park d’hiver de 1988.
1 – Le boulevard des écoles a été renommé, en 1948, boulevard Jean-Baptiste Lebas, en l’honneur du maire de Roubaix, résistant décédé en déportation en 1944.
2 – Le terme de « Luna Park » désigne depuis le début du XXe siècle des parcs d’attractions ou des fêtes foraines itinérantes qui reviennent à dates fixes.
3 – Le Grand Palais que nous connaissons aujourd’hui a été inauguré en 1994. En 1988, le grand hall des expositions du Grand Palais mentionné dans les documents correspond au hall principal de la Foire internationale de Lille.
4 – Le Noël des déshérités est une association d’assistance et de bienfaisance créée en 1946 par des membres du journal La Voix du Nord. Chaque année, elle permet à plus de 25.000 enfants de bénéficier d’actions solidaires pour les fêtes de Noël.
Et avant la Grande Roue ? Eh bien, la Grand’Place a toujours été le théâtre de festivités, avec ses marchés aux fleurs, en mai, ses fanfares, ses artistes de rues et déjà en période de Noël, son étincelant carrousel de chevaux de bois, pour le plus grand plaisir des petits et des grands qui s’amusaient à y grimper en famille, comme dans les fêtes foraines en 1900 ! Regardez, un artiste-peintre du Nord a même voulu immortaliser sur une toile son émerveillement devant un tel spectacle de lumière et de joie !
Carrousel Grand’Place Lille – Abel Leblanc © ADAGP
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décembre 10, 2020 at 11:58
Très intéressant, merci Nadine.
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